La toile présentée ici, élaborée pendant le lockdown du printemps, symbolise l´enfermement des individus dans un univers inconnu et menaçant. D´emblée, on distingue trois corps, entravés, encerclés, séparés les uns des autres. Formes solitaires tourmentées dans un univers en mouvement, déstructuré et incompréhensible. Profusion des formes, des signes, explosion des couleurs. Tout apparaît convulsif, torturé dans cette œuvre. C´est une peinture en tension, une peinture de réaction.
Son titre, « Psychose », désigne une maladie mentale, un état psychologique inhabituel. La « Psychose » reflète un état de crise profonde qui échappe à la norme et abolit les repères. Isolé de ses semblables, l´homme est étranger à lui-même. Comme souvent dans ses toiles, Bernard-Jacques Brisson part de l´expérience intime pour parler au plus grand nombre. Ici l’intimité du corps entravé, meurtri par l´expérience, devient un corps social.
Pour autant, si le point de départ de l´œuvre relève de l´expérience vécue, la réalité cède bien vite le pas à l’inspiration du peintre : visions fouaillées par le pinceau, et intuitions sublimées par la couleur. La « psychose » tout à coup, devient prodigieuse, excessive, un souffle vital au service d´une rage légitime. Il faut provoquer le regard de l’autre, l’inciter à regarder différemment.
La toile devient ainsi un champ d’expérimentation où se produisent des événements de l’ordre du sensible et non plus seulement de l’ordre du visible. Il s´agit de se détacher de l’image pour faire place à l’énergie de la peinture. Dans « Psychose », la densité nerveuse des corps, l´intensité des tons choisis et l´alternance de formes, d’aplats et de lignes évoquent, à eux seuls, l’impact, le choc, induisant au spectateur une puissante sensation de maelström.
Bernard Jacques Brisson peint pour poser des questions, non pour donner des réponses. Dans cette lutte pour la vie ou, tout du moins, la survie, qu'à constitué le Lockdown, « Psychose » est un constat d’urgence.